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Jazz Ô Mètre

15 mai 2010

Gros Plan: Blue Note

       blue_note_art_blakeyCréé en 1939 par Alfred Lion et Max Margulis, le label Blue Note est sans conteste un des plus importants label de jazz ayant jamais existé. Il aura énormément aidé le style "Hard Bop" mais tous les grands jazzmen de l'après-guerre auront enregistré pour ce label dans tous les styles.
       La légende Blue Note c'est un ensemble de choses et d'éléments. Tout d'abord une volonté puissante d'enregistrer qui ont veux et de ne pas se soumettre au marcher. Alfred Lion n'enregistrait que ce qu'il aimait la règle d'or: du groove et du swing et un côté blues très prononcé. Le label Blue Note c'est aussi un photographe exceptionnel,Francis Wolff, qui forgera l'esprit visuel de Blue Note avec des photos pro-noirs très marquées par les luttes raciales et civiques ( la plus connue étant peut-être la pochette de l'album Moanin' de Art Blakey). Francis Wolff sera épaulé à partir de 1956 par le graphiste Reid Miles qui renforcera le style Blue Note.
       Ce qui participe au son Blue Note c'est tout d'abord la cohésion entre les musiciens sur les albums qui paraissent ainsi plus travaillés que ceux des autres label. On doit cette cohésion au fait que le label payait les répétitions des musiciens en vue de l'enregistrement de l'album. D'autre part sur la plus part des albums c'est le même ingénieur son qui a travaillé: Rudy Van Gelder reconnu comme l'un des plus grands ingénieurs son au monde.
       On doit donc à cette équipe les enregistrements des plus grands standards de jazz avec un son unique, swing et groove, tels que: "Summertime" (Sidney Bechet), "Maiden" (Herbie Hancock), "A Night At Birdland" (Art Blakey), "Blue Train" (John Coltrane), "Un Poco Loco" (Bud Powell)               blue_train

       Tant de standards qui ont marqué l'histoire du jazz à travers les styles et les époques. Et malgré le déclin du label après la retraite de Alfred Lion en 1967 et la mort de Francis Wolff en 1971, Blue Note Records reste un label majeur favorisant aujourd'hui le jazz vocal ou même soul voir folk avec des artistes tels que Norah Jones ou Raul Midon ou même le rappeur Oxmo Puccino. Un label à découvrir donc et à connaître pour les fans de jazz et de musique en général.
www.bluenote.com


 

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25 avril 2010

Marcus Dans Les Cordes

      

0000769962_350Marcus Miller sort un nouvel album avec le pari de jouer avec le philharmonique de Monte-Carlo. Marcus Miller invite en prime deux musiciens de talent: le trompettiste Roy Hargrove et le guitariste chanteur Raul Midon. Un live qui promet, donc, mais le pari est-il réussi?
       Tout d'abord bien qu'un ensemble philharmonique soit ajouté à la formation initiale on entend toujours et encore du Marcus Miller, ce disque est donc avant tout pour les fans. Ce qui est intéressant avec cette oeuvre c'est le constat que l'on fait: Marcus Miller sort des albums qui sont de véritables introspections sur toute son histoire de bassiste tant son jeu est complet et le devient de plus en plus. L'arrangement du morceau "Blast!" composé par Marcus pour son album Free est particulièrement réussi et les cordes rammènent de la puissance à cette oeuvre orientale à souhait ce qui n'est pas sans nous rappeler les arrangements sur "Kashmir" par Jimmy Page pour l'album de Page&Plant avec un orchestre égyptien. Miles Davis est également à l'honneur avec d'abord une ré-interprétation de son morceau "So What", qui souffre de quelques lourdeurs en particulier sur l'intro qui est rejouée par les cordes, un arrangement qui ne s'imposait pas, et avec le morceau "Amandla" que Marcus Miller avait écrit pour lui pour l'album éponyme et qui pour sa part est excellent et est même bonifié par cet arrangement et par le solo de Roy Hargrove. Miller passe à la clarinette basse comme dans tous ses concerts, et pour notre plus grand plaisir, sur le morceau de sa propre composition "Your Amazing Grace" on retrouve alors ce son chaud qui lui est propre et on comprend que peu importe son instrument, Marcus Miller sonnera toujours Marcus Miller. Pour la troisième piste on peut écouter une composition de Raul Midon pour laquelle l'orchestre philharmonique s'efface totalement et laisse place à un duo entre la basse de Miller et la voix et la guitare de Midon. Un morceau qui sonne jazz-pop très frais, qui détend et sur lequel Raul Midon fait un solo de trompette avec sa bouche ce qui est en quelque sorte sa marque de fabrique.
        Outre ces morceaux, pour ce concert le bassiste auto-surnommé M² choisi parmi les plus grands standards des morceaux qui peuvent être arranger aisément pour un ensemble comme celui de Monte-Carlo et qui puissent mettre en valeur ses invité. Entre autres "I Loves You Porgy" morceau composé par G. Gershwin peut-être le compositeur de comédies musicales le plus célèbre dont la plus part des morceaux ont été repris par les grands jazzmen. Sur ce morceau Miller passe à la basse fretless et interprète le thème soutenu par le piano puis par le philharmonique. Un morceau peut-être un peu bateau mais tout de même agréable à écouter pour cette qualité de jeu dont fait preuve Marcus Miller. En revanche on peut écouter un mMarcus_Miller01_01agnifique medley de deux morceaux "O Mio Babbino Caro/Mas Que Nada" respectivement, respectivement une oeuvre d'opéra italienne et une chanson de bossa. Le mélange est explosif et nous fait vivre un voyage à travers les pays latins. Ici la présence des cordes nous parait presque indispensable ou en tous les cas très utile. L'album se fini sur le morceau immortalisé par Billie Hollyday "Strange Fruit" pour le quel Marcus prend à nouveau sa clarinette basse enregistré dans le studio de Marcus Miller avec Herbie Hancock au piano ce qui donne un résultat exceptionnel, quel plaisir d'écouter Herbie Hancock.
         Au final Marcus Miller nous délivre un album très agréable qui n'est surement pas son meilleur mais qui ravira tous les fans du bassiste le plus célèbre du jazz actuel ainsi que les mélomanes qui aiment le jazz orchestré. Un album à écouter donc tranquillement chez soit pour le plus grand bonheur de nos oreilles et qui n'est malheureusement en écoute ni sur Deezer ni sur Spotify. Vous pourrez cependant écouter deux morceaux sur Youtube: Blast! et State Of Mind.

A Night In Monte-Carlo (Dreyfus Jazz), Marcus Miller & L'orchestre Philharmonique De Monte-Carlo, Feat. Roy Hargrove & Raul Midon (www.marcusmiller.com).

Text by E. Renard

Photos by Adriano Scognamillo/Unknown

18 avril 2010

Yesterday You Said Tomorrow

     christian_scott__yesterday_you_said_tomorrowC'est peut-être le trompettiste qui va le plus nous marquer dans les années à venir, Christian Scott est un petit génie et son nouvel album en est la preuve. Le jeune bougre n'en est pas à son premier essaie puisqu'il avait déjà trois albums derrière lui dont un live. Il est réputé pour son son chaud et rond et son style loin du jazz traditionnel. En effet le trompettiste néo-orléanais s'inspire de plusieurs styles allant du jazz au rock en passant par le hip-hop et la néo-soul. Ce quatrième album nous présente une musique très personnelle et inclassable et qui nous plonge dans une atmosphère sombre et envoutante.
      Et si cette atmosphère est sombre c'est parce que Christian Scott créé sa musique en s'inspirant de la société qui l'entoure et si certains musiciens donnent l'impression d'avoir un regard à l'égard de notre société assez peu éloigné ici Christian Scott nous fait une analyse en musique de tout un pays ou d'un évènement majeur. Son second album "Anthem" était en réponse à l'ouragan Katrina qui avait ravagé la Nouvelle-Orléans et ce troisième album studio donne l'impression d'un bilan triste de la société américaine. Il suffit de regarder et de traduire quelques titres de l'album: "The Last Broken Heart (Prop 8)" (la proposition 8 étant un amendement de la constitution de Californie qui interdit le mariage homosexuel), "American't"...
      Les mélodies sont très sombres donc et les tempos assez lents dans l'ensemble. De plus un autre élément amplifie ce caractère noire: l'interprétation. La rythmique tout d'abord, assurée par Milton Fletcher (piano), Kris Funn (contrebasse), Jamire Williams (batterie) et Matt Stevens (guitare), est très aérienne et assez déstructurée ce qui donne une impression d'envoutement et en même un certain malaise en particulier dans "K.K.D.P"  et "An Unending Repentance". Les morceaux qui se rapprochent le plus du jazz pur sont peut-être "Isadora" (que l'on pourrait qualifier de ballade) et "After All" (un peu plus rythmé et où la contrebasse est assez présente et ronde ce qui donne un son plus traditionnel). En dehors de ces deux morceaux tout le reste de l'album est un pu O.V.N.I musical avec des influences électro comme sur "The Eraser" ou encore hip-hop sombre dans "Jenacide (The Inevitable Rise And Fall Of The Bloodless Revolution" et même pop-rock avec "American't". Mais malgré ces influences Christian Scott a su rester fidèle à lui même et il ne tombe pas dans le Jazz-Fusion caricatural où les influences prennent le pas sur la composition avec comme résultat un mélange indescriptible aux son lourd.
       Mais parlons maintenant de Christian Scott cette maturité dans la compisition est complétée par un jeu de trompette fabuleux. Fabuleux mais bien particulier: en effet on le surnomme le nouveau Miles Davis, la vitesse n'importe pas ce sont les notes qui comptent et leur son. Scott fait sortir de sa trompette des sons chauds et ronds qui sont en corrélation avec son style d'écriture c'est-à-dire tantôt angoissant tantôt envoutant. Ce trompettiste est doué d'une douce agressivité tout comme sa musique est dotée d'un style clair-obscure. C'est donc à un artiste complet que l'on a à faire et il n'est nul doute que son talent va le mener très loin dans peu de temps. Une dernière chose qui fait la différence c'est son côté people en effet il pose pour des marques de lunettes de soleil, de vêtements célèbre. Il à donc cette légère arrogance qui est tellement plaisante à voir chez les grands musiciens.
       Yesterday You Said Tomorrow est donc l'O.V.N.I du moment et un album d'exception qui nous laisse dans l'attente4_4406_4755_1 d'un nouvel album encore meilleur espérons-le, aussi bien pour nous que pour lui.

    

Yesterday You Said Tomorrow (Universal Music Division Classics Jazz), Christian Scott (www.christianscott.net) écoute possible en partie sur Deezer et en entier sur Spotify.
    

Text by E. Renard
Photos by Unknown

12 avril 2010

Le P'tit Dèj' Des Esclaves

the_volunteered_slaves      Élu album jazz de l’année par le journal Libération, Breakfast In Babylon mêle et entremêle les genres. Le groupe The Volunteered Slaves mené par le saxophoniste Olivier Témime accompagné de Jérôme Barde au bardophone (une guitare qu’il a personnalisée), d’Arnold Moueza aux percussions, d’Akim Bournane à la basse, d’Emmanuel Duprey au Fender Rhodes et de Julien Charlet à la batterie joue à la frontière du funk et du jazz et s’inspire autant d’Herbie Hancock, des Head Hunters que des musiques Africaines.
Qu’on se le dise, tout en gardant son sérieux, la musique des Slaves va vous faire danser. La rythmique basse-rhodes-guitare-batterie-percussion sonne 70’s à souhait et ce n’est pas pour nous déplaire étant donné le répertoire : des compositions funky et efficaces et des reprises de "Heard It Thru The Grapevine "de Marvin Gaye, "I Want You Back"
des Jackson Five, et "Controversy" de Prince réinterprétées intelligemment et qui ne perdent pas de leur groove bien au contraire.
 Ce qui marque à l’écoute de c’est l’osmose entre les musiciens et ce son ! Pas de prétention à des prouesses techniques incroyables, juste des morceaux efficaces et qui « envoient » et une joie très communicative qui laisse imaginer le résultat en concert. C’est l’été avant l’heure une bouffée d’air frais au milieu de centaines et de centaines de sorties d’albums parfois complexes et prises de tête. Ici on se laisse bercée au son du rhodes lors de belles ballades comme par exemple "
Swimming Head " ou on danse et on rêve d’être sur un dancefloor au bord de la mer avec " La Danse de Mafate " ou encore avec " Butterfly "volunteered_slaves_600. Les reprises des tubes de Funk ou de Soul sont intelligemment travaillées et revisitées pour qu'elles gardent toute leur dynamique mais que le groupe se les approprie. On a envie d'aller sur les routes de Californie au volant d'une Gran Torino et d'écouter cette musique en boucle les cheveux dans le vent.
    Les Slaves sont également influencés par les musiques Africaines on l'entend sur la piste "Oyayayo" où on peut écouter les slaves chanter un chant dans le style ethnique en question réponse avec un chanteur lead et le choeur et qui
permet d'entrer sur "I Want You Back" .
     En bref ce second album du groupe d'Olivier Temime nous prouve que le jazz qui fait danser existe plus que jamais et que la nouvelle génération promet de grandes choses. Ce disque nous laisse également imaginer de l'énergie que le groupe diffuse en concert et nous donne l'envie d'aller les retrouver pour danser avec eux et écouter cette musique si plaisante et si bien jouée. Si vous voulez connaître leur ambiance folle en concert allez les rejoindre le 16 Avril au New Morning à Paris ou lors de leurs autres dates que vous pourrez découvrir sur leur Myspace:
www.myspace.com/volunteeredslaves.


Breakfast In Babylon 
(Plus Loin Music), The Volunteered Slaves (www.volunteeredslaves.com)  écoute possible sur Spotify.

Text by E. Renard
Photos by Unknown

21 mars 2010

Let's Trip

      eric_legnini_trippinLe nouvel album d'Eric Legnini en trio se révèle être surprenant. Accompagné du contrebassiste Mathias Allamane et de l'excellent batteur extraterrestre Franck Agulhon, Legnini pond un album de jazz très moderne. S'en dégage un groove infaillible et des sonorités qui ne sont pas sans rappeler Herbie Hancock dont Eric Legnini se réclame. Eric utilise beaucoup les claviers électroniques comme par exemple des sons de Fender Rhodes notamment sur Rock The Days qui est un morceau plutôt aérien qui ferait presque penser à du Nu-Jazz les mélodies sont assez simples et on ne distingue presque pas la séparation entre la mélodie et le solo tous les deux joués au Rhodes. Ce morceau échappe donc à la structure " thème-solo-thème". Rythmiquement parlant il y a un groove énorme avec un jeu de batterie à la limite du new-orleans tout en gardant cette légèreté et cette originalité propre à Franck Agulhon. Un autre morceau dans le même esprit avec toujours l'utilisation du Fender Rhodes est le onzième: "The Secret Life Of Plants" un morceau magnifique avec une superbe assise rythmique. Le thème joue essentiellement sur les rythmes ce qui donne un aspect très dansant au morceau. Le son de contrebasse de Mathias Allamane est particulièrement élégant et cette mélodie jouée au Rhodes rentre dans la tête pour ne plus en sortir durant toute la journée (c'est à vous rendre fou).

      Mais dès son deuxième morceau Legnini prouve qu'il sait très bien utiliser à son avantage des rythmes différents. Dans ce morceau (Bullitt Mustang Fastback) on observe des rythmes latinos et il ne les utilise pas que dans ce morceau on peut également les écouter dans le morceau Con Alma un peu plus doux mais qui prend clairement des sonorités latines pour notre plus grand plaisir. On peut également noter des références à d'autres genres plus "standards": "Casa Bamako" est construit à partir d'un blues avec une basse qui reste facilement en tête et qui rappelle les vieux blues des années 40. "Them That Got" quant à lui est un anatol AABA joué up dans une sorte de tradition be-bop: le thème est exposé une fois et on enchaine directement sur un solo de piano. Résultat: un morceau de 3:51 mn d'une grande intensité et qui fait preuve de l'immense virtuosité d'Eric Legnini et de l'efficacité redoutable de la cellule rythmique Allamane/Agulhon. Legnini peut également jouer sur les influences rock comme on peut l'entendre sur les morceaux "Rock The Days", "Amarone" ou encore "Jade".

      Enfin Trippin' nous offre trois ballades dont deux que Legnini joue en solo au piano: "Trippin'" et "The Shadow of Your Smile". Son "Introspection #1" est la troisième ballade qui prouve une fois de plus (est-ce vraiment nécessaire) que ce trio sait mêler intensité et légèreté à merveille. On a du mal à déchiffrer la forme du morceau et on se trouve un peu perdu en l'écoutant et c'est peut-être ce qui procure cette sensation de légèreté.

      En bref, Eric Legnini nous offre un album aussi varié que possible tout en gardant une originalité qui lui est propre et un style qui mêle rythmique aérienne, virtuositéet créativité. Un album à écouter donc et à analyser sans se lasser.

Trippin' (B.Flat), Eric Legnini

Text by E. Renard


Photos by Unknown

 

      
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11 mars 2010

Flashback: Une Nuit A Paris...

    3460503665224_600  Marcus Miller, Lenny White, Biréli Lagrène, le regretté Michel Petrucciani et l'immense Kenny Garrett. Quoi de plus prometteur sur une pochette? Ce n'est pas la chronique d'un nouveau disque que vous allez lire mais simplement un retour sur un des plus grands concerts de ces 50 dernières années. Tout d'abord exposons le contexte: Le label Dreyfus organise, le 7 juillet 1994, une soirée de concerts pour son troisième anniversaire et à cette occasion réuni autour de Michel Petrucciani, qui officie comme maître de cérémonie, les artistes du label, Français et Américains (Richard Galliano, accordéoniste hors pair, le saxophoniste Steve Grossman, Roy Haynes, un des maîtres absolus de la batterie, le guitariste virtuose Biréli Lagrène, le Mingus Big Band, le talentueux bassiste Marcus Miller, Kenny Garrett ou encore Lenny White). Francis Dreyfus avait dans l'idée de faire jouer ces musiciens soit avec leur orchestre respectif ou les uns avec les autres restituant ainsi le véritable esprit des jam sessions dans lesquelles les musiciens sont en réelle interaction. Seul vestige des six heures de musique qui ont animé cette nuit au Palais des Sports de Paris, ce disque présente trois morceaux durant chacun d'entre eux en moyenne entre 15 et 18 minutes. Ces musiciens n'avaient jamais joué ensemble à l'exception de Michel Petrucciani avec Lenny White et de Marcus Miller avec Kenny Garrett et se sont réunis à la demande de Francis Dreyfus et ont réalisé un concert improvisé autour de deux compositions de Marcus Miller: "Tutu" et "The King Is Gone", et d'une composition de Michel Petrucciani appelée "Looking Up".
       Certes comparé à la quantité de musique jouée cette nuit là ces quelques trois quart d'heure nous paraissent dérisoires mais cet enregistrement est d'une telle qualité que l'on s'en contente aisément. D'une part le son est excellent un excellent mastering de la part de René Ameline. D'autre part à l'écoute de ce disque on se rend compte de l'immense talent de chacun de ces musiciens. Tout le long de l'enregistrement l'âme de Michel Petrucciani plane au dessus de nos oreilles et nous rappelle à quel point il était un virtuose et un musicien qui savait être à l'écoute des autres (il nous quittera cinq ans plus tard laissant bon nombre de fans et de musiciens en peine). On se demande pourquoi cette formation n'a pas vu le jour plus tôt elle qui aurait pu écrire une page merveilleuse dans l'histoire de cette musique. Au cours des solos les notes ne font pas que fuser sans sens précis, elles nous racontent une histoire. Dès "Tutu", qui n'a jamais été aussi bien joué, on observe une progression dans les solos, ils évoluent ils montent puis redescendent en puissance nous font voyager. Une fois de plus ce qui marque c'est cette cohésion entre les musiciens, ils se complètent parfaitement chacun apporte quelque chose à l'autre soit par son accompagnement pendant un solo soit simplement par cette chose indéfinissable qu'ils diffuses. Ce morceau qu'avait composé Marcus Miller pour Miles Davis est un excellent canal pour véhiculer la puissance des musiciens et la forme est parfaite pour les solos. On a l'impression à la fin du morceau que les 16:30 minutes sont passées bien trop vite et cette impression ne va pas nous lâcher tout au long du disque, c'est peut-être une autre preuve de la qualité du concert.
        A l'écoute du deuxième morceau, l'autre composition de Marcus Miller, "The King Is Gone" on peut entendre que Marcus Miller joue superbement bien de la clarinette basse, l'instrument avec lequel il a commencé la musique, et on entend également son talent de compositeur avec un thème magnifique, lent et doux et qui prend toute son ampleur lors des solos de Kenny Garrett et Biréli Lagrène. Et l'album se clôture avec une bossa nova écrite par Michel Petrucciani avec des sonorités qui lui sont propres. Un solo remarquable de la part de Marcus Miller qui prouve que le jeu en slap utilisé habituellement dans le funk et les musiques groove peut être, s'il est joué finement, appliqué à bien d'autres styles.
       Cet album nous laisse un sentiment étrange: d'un côté une euphorie transmise par tant de musicalité et de talent et par des morceaux et des improvisations de très très haut niveau, et d'un autre côté une sentiment de regret, le regret de ne pas avoir pu être au Palais des Sports de Paris le 7 juillet 1994 et de n'avoir pu écouter tous ces artistes présents ce soir là jouer leur musique et s'exprimer. Un album à avoir absolument dans sa discothèque, peut être un des live les plus mythiques enregistrés dans la deuxième moitié du XXème siècle.
       Malheureusement on ne peut l'écouter ni sur Deezer ni même sur Spotify, on peut en revanche écouter le titre de Michel Petrucciani "Looking Up" sur Youtube en allant sur les liens suivant: http://www.youtube.com/watch?v=eMV3X8rczmQ (Pt 1) et http://www.youtube.com/watch?v=SnlcP_rgRhM (Pt 2). On peut également le trouver à acheter en ligne pour moins de dix euros.

Dreyfus Night In Paris (Dreyfus Jazz), Michel Petrucciani, Biréli Lagrène, Lenny White, Kenny Garrett.

Text by E. Renard
Photos by Sophie Le Roux

2 mars 2010

Funk in Kraków

    

Abraham_Inc___Tweet_Tweet Tweet-Tweet, premier album de la formation Abraham Inc. créée par le clarinettiste polonais David Krakauer, le tromboniste Fred Wesley et le DJ québécois Socalled. Ce dernier avait déjà tenté l'expérience mais cette fois-ci ce genre de musique est joué avec de vrais instruments en collaboration avec des machines. Quelle expérience? Celle de mélanger la musique Klezmer (musique traditionnelle juive) et la musique Funk-Groove.
      L'expérience est un peu osée bien que lorsque l'on écoute des musique yedish on se rend compte qu'elles groovent déjà et donne envie de danser et de faire la fête. Tweet-Tweet est donc un album fait pour faire bouger l'auditeur. Le mot d'ordre: le groove. Le premier morceau "Tweet-Tweet" est basé sur une rythmique funk voir même hip-hop avec une basse très présente des percussions électroniques et acoustiques et un thème interprété par Krakauer à la clarinette. Ce thème est clairement un thème de musique klezmer et là est la première surprise, cela se marri parfaitement avec le funk. Ensuite à un peu moins de la moitié du morceau rentre le chant après un gros break instrumental et là on retombe dans du hip-hop black à souhait qui groove, pour enfin finir sur un solo klezmer à la clarinette et la reprise du thème. Le premier morceau annonce la couleur: c'est puissant, ça groove et c'est frais.
      Moskowitz Remix commence comme une fanfare de l'est avec des cuivres présents et la clarinette qui expose une fois de plus le thème. On a un peu l'impression d'écouter Goran Bregovic mais en funk car la rythmique électro dynamise tout ça et le met au goût du jour. On peut le voir comme l'inverse du premier morceau ici c'est le klezmer qui préside un mélange très typé Socalled c'est à dire de la musique klezmer électro. Bien que sur certains passages on entende des arrangements de cuivre très funk des années 70 on reste dans la musique juive sur ce morceau avec des superpositions de riffs joué par la clarinette, l'accordéon et des riffs qui arrivent par derrière joués par les cuivres pour rajouter du punch. Pour finir en apothéose dans une danse infernale.
       It's not The Same est un morceau purement funk presque rien de klezmer même les parties de clarinette sont funk dans l'écriture bien que propres a Krakauer dans l'interprétation. On a un morceau très typé Maceo Parker ou encore Electro Deluxe avec un chant hip-hop, des cuivres très présents et une rythmique efficace. On reste également dans le funk avec The H Tune mais un funk plus proche de la Nouvelle-Orléans avec un after-beat très très présent et une part belle faite au trombone de Fred Wesley. Le morceau qui suit (Trombonik) est lui aussi un morceau qui est dédié à Fred Wesley. Il est en fait composé d'un solo de Wesley qui prouve ici qu'il n'a rien perdu de l'époque ou il jouait pour James Brown.
       Avec le morceau Push on entre dans un morceau plus P-funk qui peut faire penser au morceau One Nation Under A Groove du célèbre George Clinton avec un solo de saxophone dans le style de Maceo Parker. Baleboste commence avec des sons qui rappellent Wax Taylor et le chant est inspiré des chants yedish. David Krakauer reprend son rôle. En résulte un morceaux plus noir que le reste de l'album avec des guitares saturée et une ambiance beaucoup moins festive.
        Enfin l'album se fini avec deux morceaux: Fred The Tzadik et Abe Inc Techno Mix. Ce dernier est un morceau qui surprend, purement électronique avec des rythmiques faites par des machines et des samples qui s'ajoutent se retirent se superpose.

        Cet album est à écouter malgré une légère répétition ou plutôt une ressemblance entre les morceaux. On peut le considéré comme étant un excellent mélange de cultures, de styles et de nationalités. Il faut donc écouter cet album pour le plaisir des oreilles mais sans rechercher forcément les efforts techniques dans les compositions. Cependant on peut saluer une interprétation fabuleuse de la part de David Krakauer (comme d'habitude) et de Fred Wesley (qui n'a pu rien à prouver).
abraham_inc_apollo_group_wasserman

Tweet-Tweet (Label Bleu), Abraham Inc.

(www.abrahamincmusic.com), écoute possible sur Deezer

Text by E. Renard
Photos by Unknown

4 février 2010

Pat Metheny: Chef d'Orchestrion

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  On savait que Pat Metheny était étranger à la notion de suivre des rails et plus que familier à celle innover. Mais personne n'aurait pu prédire qu'il aille jusqu'à s'investir dans une telle aventure. Selon ses dires même son épouse l'a cru fou.
  En effet ce projet demande une certaine folie (ou du génie très souvent confondus l'un avec l'autre). Le guitariste chevelu à voulu réaliser son rêve d'enfant qui le taraudait depuis qu'il avait vu un piano mécanique chez son grand-père. Il à donc enregistrer un album entier joué uniquement par lui même à la guitare et par un orchestrion, c'est à dire un ensemble d'instruments aussi bien percussifs que mélodiques qu'il pilote lui-même grâce à un système très complexe que l'on a du mal à comprendre.
  Sans rentrer dans les détails il s'est entouré de jeunes créateurs qui travaillent sur le solénoïde une bobine électrique qui envoie une charge électrique. Par une action que je ne pourrais pas vous expliquer cette décharge actionne un mécanisme qui va jouer d'un instrument et grâce à une adaptation midi Metheny ontrôle tous ces instruments. Au final un nombre incalculable d'instruments sont joués: guitares, basse, xylophone, vibraphone, une batterie complète, claviers, marimbas...
  Ce qui choc vous l'aurez compris c'est donc l'absence de musiciens vivant bien qu'on puisse se dire que Pat Metheny les incarne tous. Alors qu'en est-il de cet album après une première écoute? Première réaction: ça sonne! C'est dingue pas une once de rigidité. Tout paraît si fluide que s'en est déconcertant. Les machines se font oublier et on admire les compositions de Pat Metheny. Concernant ces dernières, au nombre de neuf, on retrouve du Pat Metheny. On à même l'impression d'entendre les compositions du PMG (Pat Metheny Group). Le principal concerné explique que ça ne l'étonne pas que les gens y pense lors de l'écoute car le PMG est sa "conception du fonctionnement d'un ensemble" (JAZZ magazine N°611-février 2010). On se régale donc à écouter une musique légère qui nous transporte comme d'habitude dans des voyages vers des destinations jusqu'alors inconnues. Pat Metheny est un conteur et au delà de sa recherche mécanique et expérimentale il nous raconte quelque chose et ne fait pas que monter les gammes et descendre les modes. Enfin son jeu de guitare est toujours aussi impressionnant, pouvant faire preuve d'une grande virtuosité, il sert la musique plutôt que de l'encombrer de solos lorsque cela surchargerait la musique.
  Pari relevé. Pat Metheny nous livre un album avec des compositions légères, recherchées (très recherchées), impressionnantes de bon goût et toujours juste et nous prouve qu'il n'est pas fou ou alors cette folie que l'on affectionne particulièrement, celle des savants. Les machines sont plus humaines que jamais et il faudra aller voir si après avoir relever le défi du studio il se sort du deuxième qu'il s'est promis d'affronter: celui de gérer ses machines sur scène. Alors rendez-vous à l'Olympia le 13 février 2010

Orchestrion (NonesuchNonesuch/Warner Music), Pat Metheny (www.patmetheny.com) écoute possible sur Deezer

Text by E. Renard
Photos by Unknown

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